Qu'est-ce qui pousse une personne à aspirer au poste de cadre dans le secteur de la santé ?

Posté par : Fatma Öztürk - le 27 Avril 2025

  • Bonjour à toutes et à tous, J'aimerais lancer une discussion sur les motivations profondes qui animent les professionnels de la santé à briguer des postes de cadre. Au-delà de l'aspect purement carriériste, quels sont, selon vous, les facteurs qui les incitent à viser ces responsabilités ? Est-ce une question de pouvoir, d'influence sur les décisions, de désir d'améliorer les soins, ou autre chose ? Vos avis et expériences sont les bienvenus pour éclairer ce sujet.

  • Commentaires (18)

  • Excellente question, Fatma. En tant que podologue, je peux apporter un éclairage un peu différent, mais je pense que certaines motivations sont transversales. Déjà, il faut voir que l'aspiration à un poste de cadre, c'est rarement un truc qui arrive du jour au lendemain. Y'a une accumulation d'expérience, un sentiment de maîtrise, et l'envie de partager ça. D'après une étude récente (je n'ai plus la source exacte, désolé, mais ça traîne sur internet), environ 65% des professionnels de santé qui visent des postes de cadre ont plus de 10 ans d'expérience dans leur domaine. Ça prouve que l'ancienneté joue un rôle. Ensuite, y'a l'aspect de l'amélioration des soins, tu as raison de le souligner. C'est pas forcément une question de "pouvoir" au sens strict, mais plutôt de pouvoir agir concrètement sur l'organisation, les protocoles, la formation des équipes. On a tous des frustrations, des choses qu'on aimerait changer. Devenir cadre, c'est une manière d'essayer d'y remédier. Après, faut pas se leurrer, c'est pas toujours facile et on se heurte parfois à des murs administratifs. Enfin, faut pas négliger la question de la reconnaissance et du salaire. C'est pas la motivation première, mais ça compte. Une étude menée auprès d'infirmiers (je crois que c'était en Suède, mais à vérifier) montrait que 40% d'entre eux considéraient que la perspective d'une augmentation salariale était un facteur important dans leur décision de postuler à un poste de cadre. C'est humain, non ? Et puis, la reconnaissance, c'est aussi le fait d'être écouté, d'avoir un impact sur les décisions. Après, c'est sûr que les inconvénients existent : plus d'administration, des horaires parfois plus lourds, la gestion des plannings... Mais je pense que pour beaucoup, les avantages compensent largement.

  • Intéressant tout ça. L'ancienneté, c'est un point indéniable. Mais tu parles d'améliorer les soins, d'agir sur l'organisation... Fatma demandait si le "pouvoir" était un facteur. Tu pourrais développer ce que tu entends par "pouvoir agir concrètement" ? C'est quoi, les leviers réels dont on dispose, une fois cadre, selon toi ?

  • Respiro90, quand je parle de "pouvoir agir", je ne pense pas au pouvoir au sens politique du terme, hein. C'est plus une capacité à influencer positivement le fonctionnement de l'hôpital ou de la clinique. Par exemple, en tant que cadre, on peut proposer des formations pour son équipe, mettre en place des protocoles plus efficaces, ou même réorganiser les plannings pour un meilleur équilibre vie pro/vie perso. C'est un pouvoir d'initiative, pas de domination.

  • Fatma, quand tu dis "au-delà de l'aspect carriériste", tu vois ça comment concrètement ? Parce que bon, tout le monde a besoin de gagner sa vie, et l'évolution, c'est normal, non ? Tu penses à des motivations spécifiques que l'on ne trouverait pas dans d'autres secteurs ?

  • Sérénité98, pour moi, "au-delà de l'aspect carriériste", ça englobe tout ce qui relève de l'engagement envers les patients et la qualité des soins. Bien sûr, l'évolution de carrière et le salaire sont importants, mais je pense que dans le secteur de la santé, il y a une dimension vocationnelle plus forte. On ne choisit pas ce métier par hasard, et l'aspiration à un poste de cadre peut être motivée par le désir d'avoir un impact positif sur le système de santé, de défendre des valeurs, ou d'améliorer la prise en charge des patients. C'est cette motivation "supplémentaire" que je voulais souligner.

  • C'est vrai que cette dimension vocationnelle est importante dans le soin. On en parlait justement avec une amie qui bosse dans l'humanitaire, elle disait que... enfin bref, pour revenir au sujet, je suis d'accord avec Fatma, il y a un truc en plus, une motivation spécifique au secteur de la santé, c'est indéniable.

  • L'humanitaire et la santé, même combat sur ce point, je pense. L'idéal serait de ne pas perdre cette flamme en montant dans la hiérarchie. Facile à dire...

  • "Facile à dire", oui, Ombralune23, mais pas toujours facile à faire. Garder la "flamme", c'est une belle idée, mais la réalité des contraintes budgétaires et des objectifs de performance peut parfois l'étouffer. Il faut trouver un équilibre, et c'est là que le leadership devient déterminant. Un bon leader doit savoir rappeler le sens du travail à ses équipes, même quand les temps sont durs.

  • Merci pour vos contributions, c'est vraiment enrichissant d'avoir ces points de vue. Ça aide à prendre du recul sur nos propres motivations.

  • Bon, je voulais vous faire un petit retour suite à vos échanges. J'ai pris le temps de discuter avec plusieurs cadres de mon établissement, et ce qui ressort, c'est que l'équilibre dont parlait Ombralune23 est *vraiment* difficile à trouver 😅. Ils m'ont confirmé que les contraintes sont énormes, mais que la satisfaction de pouvoir améliorer (même un peu) le quotidien des équipes et la prise en charge des patients reste un moteur essentiel. Un peu comme disait OrteilSauvage33, agir concrètement, même à petite échelle. C'est motivant, mais usant. À méditer... 🤔

  • Usant, c'est le mot. Fatma, tu touches un point sensible là. On enjolive souvent la chose, mais faut pas se voiler la face. J'ai des collègues qui ont fait le saut, et certains le regrettent amèrement. La proximité avec le patient, ils la perdent. Le boulot de terrain, ils le quittent. Pour se retrouver noyés sous des montagnes de paperasse et des réunions sans fin. Après, c'est sûr, y'a des satisfactions. Mais à quel prix ? On parle d'améliorer le quotidien des équipes, mais souvent, c'est juste jongler avec des budgets de misère et des effectifs réduits. On te demande de faire plus avec moins, et de motiver les troupes en même temps. C'est du management à la hussarde. J'ai vu une étude passée (je crois que c'était l'Observatoire Européen de la Santé, faudrait que je retrouve le lien), qui montrait que près de 70% des cadres de santé se plaignent d'un manque de soutien de leur propre hiérarchie. 70% ! C'est pas rien. Alors, oui, tu peux agir "concrètement, même à petite échelle", comme disait OrteilSauvage33, mais faut avoir les reins solides. Et surtout, faut pas s'attendre à des miracles. Et puis, parlons-en du salaire. On fantasme souvent l'augmentation mirifique, mais la réalité est souvent décevante. Une autre étude (celle-là, c'était la DREES, je suis sûre) indiquait qu'en moyenne, un infirmier qui devient cadre voit son salaire augmenter de 15%... brut. Une fois les impôts et les cotisations enlevés, il reste quoi ? Pas de quoi pavoiser. Surtout quand on compare ça aux responsabilités supplémentaires et au stress que ça engendre. Donc, méditer, oui, il faut méditer. Et se poser les bonnes questions. Est-ce que je suis prêt à sacrifier mon temps, ma santé mentale, et ma proximité avec les patients pour un boulot qui risque de me dégoûer du système ? La question, elle est là.

  • Kouyaté, tu prêches un peu pour ta paroisse, non ? 😉 Je dis ça parce que ton discours me rappelle les complaintes que j'entends parfois au stand de tir quand je vais décompresser. "Trop de paperasse", "pas assez de budget", etc. C'est un peu facile de tout noircir comme ça. Mais bon, je comprends ton point. Faut pas se lancer là-dedans les yeux fermés. La réalité est rarement à la hauteur des attentes. Mais il y a des gens qui s'y épanouissent, faut pas l'oublier. C'est pas une question de salaire ou de pouvoir, c'est une question d'alignement avec ses valeurs et ses compétences, je pense.

  • Pour résumer, on a exploré l'idée que l'aspiration à un poste de cadre dans la santé dépasse la simple ambition de carrière. Il y a un engagement envers les patients et une volonté d'impacter positivement le système de santé. Cependant, la réalité du terrain peut être décevante, avec des contraintes budgétaires et un équilibre difficile à trouver entre les responsabilités et les satisfactions. Le leadership et l'alignement avec ses valeurs sont des éléments clés pour réussir dans ces fonctions.

  • HealthScribe, même si le stand de tir a l'air bien défoulant 🎯, je crois que Kouyaté met le doigt sur un truc essentiel. C'est pas "tout noir", mais c'est loin d'être rose bonbon. Cette histoire d'"alignement avec ses valeurs", c'est joli sur le papier, mais comment tu fais quand tes valeurs se heurtent aux réalités du terrain ? Perso, dans mon boulot de prothésiste, je vois bien la différence entre ce qu'on voudrait faire pour le patient et ce qu'on *peut* faire avec les moyens qu'on a. Et je suis pas cadre ! Alors j'imagine même pas la frustration quand t'es censé être celui qui met en place les solutions, mais que t'as les mains liées. Tu dis que c'est pas une question de salaire, mais quand 70% des cadres (merci Kouyaté pour la stat de l'Observatoire Européen de la Santé !) se plaignent du manque de soutien de leur hiérarchie, ça veut dire qu'il y a un problème de reconnaissance. Et la reconnaissance, ça passe aussi par le salaire, faut pas se mentir. Si t'as l'impression de pas être valorisé à ta juste valeur, ton "alignement" il prend un coup, non ? 🤨 Et puis, cette histoire de "compétences", c'est pareil. On demande aux cadres d'être des super-héros : gestionnaires, managers, experts techniques, psychologues... Mais est-ce qu'on leur donne les moyens de développer ces compétences ? Est-ce qu'on les forme correctement ? J'en doute. J'ai l'impression qu'on les jette dans l'arène et qu'on leur dit : "Débrouille-toi !" 😬 Donc, oui, il y a des gens qui s'épanouissent, tant mieux pour eux. Mais faut pas se voiler la face, c'est un boulot usant, difficile, et souvent ingrat. Et si tu te lances là-dedans en pensant que tu vas changer le monde, tu risques d'être vite désillusionné. Faut vraiment avoir une sacrée dose d'idéalisme (ou de masochisme 😉) pour tenir le coup.

  • Ombralune23, je pense que tu exagères un peu le trait. Certes, il y a des difficultés, des frustrations, c'est indéniable. Mais réduire le rôle de cadre à un simple "boulot usant, difficile et souvent ingrat", c'est un peu réducteur. Il y a aussi des aspects positifs, des réussites, des moments de satisfaction. Ce n'est pas parce que certains cadres se plaignent (et encore, 70%, ça me paraît énorme, j'aimerais bien voir cette étude de plus près 🤔) que tous sont malheureux. Il y a des gens qui réussissent à trouver un équilibre, à faire bouger les choses, à améliorer les conditions de travail de leurs équipes et la prise en charge des patients. Après, c'est sûr, il faut être réaliste et ne pas idéaliser la fonction. Mais il ne faut pas non plus tomber dans le catastrophisme. Il y a une voie médiane, un juste milieu à trouver. Et c'est ce juste milieu qui permet de s'épanouir dans ce métier. 😌

  • Fatma, ton "juste milieu", c'est un peu l'Arlésienne, non ? 🤔 Tout le monde en parle, mais personne ne l'a jamais vu. Plus sérieusement, je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il ne faut pas tomber dans le catastrophisme. Mais il faut quand même être conscient des difficultés. Dire qu'il y a des "réussites" et des "moments de satisfaction", c'est un peu enfoncer une porte ouverte. La question, c'est : est-ce que ces moments sont suffisamment nombreux et intenses pour compenser les frustrations et les sacrifices ? Et puis, cette histoire d'"équilibre", on en revient toujours au même point. C'est quoi, concrètement, les outils et les leviers dont on dispose pour atteindre cet équilibre ? Parce que dire "il faut trouver un équilibre", c'est bien joli, mais ça ne donne pas les clés pour y parvenir. 🤷‍♂️

  • OrteilSauvage33, vous avez raison de souligner que la question des outils et des leviers pour atteindre cet "équilibre" est primordiale. C'est facile de parler d'un juste milieu, mais encore faut-il savoir comment l'atteindre. Selon moi, cela passe par une meilleure formation des cadres, un accompagnement plus soutenu de leur hiérarchie, et une plus grande marge de manœuvre dans la gestion de leurs équipes. Il faut aussi leur donner les moyens de déléguer certaines tâches administratives pour qu'ils puissent se concentrer sur le cœur de leur métier : l'encadrement et l'amélioration des soins. Mais il est certain que sans ces outils et ces leviers, l'"équilibre" restera un concept théorique inaccessible. Merci d'avoir soulevé ce point.

  • Plus de marge de manœuvre, oui, Fatma, c'est vital. Mais tu sais, les hiérarchies, elles aiment pas trop l'idée de lâcher du lest. C'est perçu comme une perte de contrôle. Et puis, déléguer les tâches administratives... Qui va les faire, alors ? On manque déjà de personnel partout. Faut pas rêver, on est en plein délétage des responsabilités, pas en délégation. C'est une façon de dire "débrouille-toi", en fait.